L’équipe de France masculine, portée par un Erik Clavery de gala, auteur d’un nouveau record de France, a décroché la médaille de bronze des Mondiaux des 24 heures à Albi. Son homologue féminine s’est classée quatrième, au terme d’une compétition de très haut niveau.
On savait la piste du stadium d’Albi propice aux grandes performances pour le sprint (Christophe Lemaitre y avait battu le record de France du 100 m en 2011), elle l’est également pour l’ultra-fond. La treizième édition des championnats du monde des 24 heures a offert aux centaines de spectateurs présents, de jour comme de nuit, un spectacle grandiose, marqué par le record du monde féminin de l’Américaine Camille Herron, en tête de bout en bout, et qui a parcouru pas moins de 270,116 km. Au coeur de la nuit, l’athlète de l’Oklahoma a même occupé le deuxième rang du classement scratch, dans le même tour que le futur champion du monde masculin, le Lituanien Aleksandr Sorokin, auteur lui aussi d’un total époustouflant (278,973 km).
Les Français ont su se mettre au diapason du plateau international, et ont été récompensés par une belle médaille de bronze au classement par équipes masculin. Erik Clavery a guidé les siens vers cette issue joyeuse, grâce à un superbe effort qui a fait de lui le nouveau recordman de France de la discipline. Avec 272,217 km, il efface des tablettes les 268,859 km d’Alain Prual, vieux de vingt ans. Sur le podium virtuel pendant une bonne partie de la course, le champion du monde de trail 2011 a vu l’Américain Olivier Leblond lui souffler le bronze à moins de trois heures du coup de pétard final, au prix d’une superbe remontée. « Les trois devant moi étaient vraiment au-dessus, et je ne peux pas influer sur leur performance, donc je préfère retenir que j’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé, à savoir dépasser les 270 km », explique le nouveau recordman de France.
Surtout, il a adoré la dimension collective de l’aventure vécue. Il a d’ailleurs couru les trois dernières heures avec son coéquipier Raphaël Gérardin comme lièvre de luxe pour lui faire le tempo, alors qu’il était dans le dur, pour une belle image de fraternité sportive. « C’est ça l’esprit des 24 heures ! Je fais du sport avant tout pour partager des bons moments, et monter sur un podium mondial en équipes, c’est une super satisfaction, car ça n’arrive pas tous les jours. En plus, une cinquantaine de personnes ont fait le déplacement à Albi pour me suivre et m’encourager, il n’y a rien de plus beau. Et l’événement était magnifiquement organisé, sur le plan sportif comme au niveau des à-côtés. »
Un grand bonheur collectif
Derrière Clavery, Stéphane Ruel a fait parler sa régularité de métronome pour se classer à la douzième place, avec 259,030 km, tandis que Valentin Costa a parcouru 247,829 km pour accrocher la 19e place. Le total de ces trois-là, 779,076 km, a donc donné à l’équipe de France la médaille bronze, derrière les Etats-Unis (799,754 km) et la Hongrie (782,241 km). Raphaël Gérardin (31e avec 236,433 km), Patrick Ruiz (34e avec 235,954 km), et Ludovic Dilmi (170e avec 133,022 km) ont également eu le bonheur de monter sur la boîte.
La meilleure Française de ces championnats est Stéphanie Gicquel, créditée de 240,629 km. Partie prudemment, elle n’a quasi jamais faibli, et après une cavale nocturne, est venue chercher une septième place mondiale au petit matin. « J’étais venue sans objectif chiffré, avec comme ambition d’en apprendre un peu plus sur les 24 heures, pour ce qui était ma deuxième sur ce format, raconte la banquière aventurière. J’ai bien respecté mon plan de course, avec un soutien très intéressant du public. J’ai adoré courir avec ces athlètes de très haut niveau, et je suis ravie d’avoir trouvé des réponses aux questions que je me posais, mais aussi d’avoir trouvé de nouvelles questions sur ce que je serai capable de faire à l’avenir. Cette compétition était une étape sur mon chemin. J’ai un objectif en tête, et je ne vais pas lâcher au milieu de l’aventure... »
Anne-Marie Vernet a bouclé son parcours avec 221,267 km (21e), et Laurence Noël lui a emboîté le pas, ou presque, avec 218,830 km (26e). Autrice d’un très bon début de parcours, Corinne Gruffaz a souffert de blocages au dos à partir de la mi-course, mais s’est battu jusqu’au bout pour cumuler 209,344 km (36e). Chloé Coenye a finalement parcouru 201,443 km, pour une 49e place, et Christelle Bourreau a lutté contre la douleur pour obtenir 192,849 km à son compteur (58e). Au classement par équipes, les Bleues terminent quatrièmes (680,726 km), sans regrets puisqu’à bonne distance des Allemandes, troisièmes avec 696,846 km. Les Etats-Unis ont fait le doublé, avec 746,132 km, devant les Polonaises (721,124 km).
Etienne Nappey pour athle.fr
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