L’équipe de France des 24 heures a pleinement réussi ses championnats d’Europe organisés à domicile à Albi, avec trois breloques, dont le titre par équipes des garçons, portés par la médaille de bronze en individuel de Stéphane Ruel. Les filles ont également décroché la médaille de bronze collective.
Ils attendaient l’échéance, et se savaient attendus au stadium d’Albi. Les Français se sont montrés à la hauteur de l’évènement, en récoltant trois médailles lors des championnats d’Europe de 24H. Idéalement lancés sur des bases raisonnablement élevées depuis la première moitié de la course, les Français ont cueilli les fruits de leur stratégie dans les dernières heures de course, en plaçant quatre coureurs dans le top 10, dont Stéphane Ruel sur le podium. Parti extrêmement rapidement, avec plus de 153 kilomètres parcourus après douze heures de course seulement, le Lituanien Aleksandr Sorokin n’a pas tenu la distance. Peu avant le lever du jour, il a dû se résoudre à marcher, loin de sa démarche aérienne des premières heures. Peu avant huit heures, le couperet qui le menaçait depuis quelques minutes tomba : l’Anglais Dan Lawson le dépassa et prit la tête des opérations. Le Tarn salua le mouvement par un superbe lever de soleil teinté d’orange et de bleu.
La décrépitude du Lituanien, spectaculaire et inévitable, s’est prolongée jusqu’au coup de pistolet final. Stéphane Ruel l’éjecta du podium à une heure du terme, pour s’offrir une belle médaille de bronze, derrière le Britannique Dan Lawson, champion d’Europe avec 261,843 km et le Tchèque Ondrej Velicka (258,661 km). Huitième en 2015 à Turin, le Normand de Manche Athlé Sud a porté son record personnel à 257,296 km, l’année de ses cinquante ans. « Je suis hyper heureux. Je ne me suis pas préoccupé de mon classement pendant les trois premiers quarts de l’épreuve, et quand j’ai vu le Lituanien coincer, j’ai calculé que si je faisais le nécessaire, j’allais le reprendre. Pour ma deuxième sélection, je m’étais promis de faire quelque chose. Je savais que le public allait nous booster, et que nous étions en forme après le super stage début septembre. Nous avions une super équipe, aussi bien chez les filles que chez les garçons, et on a passé un vrai beau moment ensemble ce week-end », savourait Stéphane Ruel.
Quatre Français au-dessus des 250 km
Sur ses talons ou presque, les trois « petits bleus » qui faisaient leurs débuts sous le maillot bleu-blanc-rouge ont prouvé qu’ils avaient les épaules solides en se glissant tous dans le top 10 du week-end. Piero Lattarico a fini en trombe pour cumuler 253,631 kilomètres et accrocher la quatrième place, juste devant le régulier Patrick Ruiz, qui a bouclé son parcours avec 252,364 km. Guillaume Laroche s’est classé neuvième avec un nouveau record personnel de 250,263 km.
Cette grosse densité offre à a France la médaille d’or par équipes, avec 763,291 km, devant la Grande-Bretagne (743,269 km) et l’Allemagne (720,006 km). « Les Anglais sont partis fort, mais nous sommes restés bien concentrés, et nous sommes revenus dans la deuxième partie de course. Nous sommes quatre à plus de 250 km, c’est vraiment super », relevait avec fierté Patrick Ruiz. Le dernier titre collectif décroché par les hommes aux championnats d’Europe remontait à 2004.
Chez les femmes, le métronome suédois Maria Jansson a creusé l’écart dans la nuit, alors que les Croates Jurisic et Orlic ont baissé pavillon. D’une régularité impressionnante, elle s’est même permis d’accélérer dans la dernière heure, avalée à plus de 13 km/h, pour ajouter à sa deuxième couronne consécutive un nouveau record d’Europe avec 250,647 km. Elle devance finalement deux Polonaises, Patricia Bereznowska (241,633 km) et Agata Matejczuk (232,285 km).
Passage de témoin chez les dames
Anne-Marie Vernet s’est maintenue à portée de la boîte tout au long de la nuit, mais a connu une fin de course difficile et a finalement pris la onzième place avec 223,427 km. « J’ai essayé de tenir un rythme de 10,6 km/h le plus longtemps possible, mais j’ai vite vu que ça allait être compliqué. Je pense que c’était mon dernier 24H, parce que mon âge avance, alors je suis contente d’avoir fait plus de 220km, qui était mon objectif, et de terminer sur une médaille de bronze avec mes camarades plus jeunes », analysait la double championne d’Europe 2006-2007. Deuxième Française, Nathalie Derrault s’est classée quinzième en parcourant 217,787 km, alors que Valérie Vallon, dix-neuvième à l’arrivée, a porté son record personnel à 214,118 km. Comme chez les garçons, les novices sous le maillot bleu ont montré qu’elles avaient bien préparé leur coup, et qu’elles étaient prêtes à assumer leurs responsabilités pour prendre la relève de leurs aînées. Un peu plus loin, Sylvie Peuch (26e avec 204,515 km), Stéphanie Dessartine (43e avec 186,922 km) et Cécile Nissen (98,401 km) pourront également savourer la médaille de bronze décrochée par les Françaises dans le classement par équipes. Ce dernier a été fort logiquement remporté par la Pologne (701,429 km), qui place quatre éléments dans le top 7 dont deux sur le podium, devant la Suède (691,656 km) et la France (655,332 km).
« Avec trois médailles, dont un titre, c’est quasiment ce que nous pouvions espérer de mieux. Nous sommes très satisfaits, c’est une très belle réussite. Malgré la fatigue à l’arrivée, tous les athlètes vont être récompensés de leur investissement, très important sur cette épreuve, par un podium », appréciait Jean-François Pontier, manager du hors stade à la fédération. Même perclus de toxines dans les jambes, les douze Français avaient effectivement un grand sourire aux lèvres au moment de monter les marches les menant sur la boîte.
A Albi, Etienne Nappey pour athle.fr
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